Gentes (2017) Compte Rendu Gentes est la nouvelle sensation dans le milieu de l'optimisation. Il s'agit d'un jeu de Stefan Risthaus, auteur surtout connu pour le très calculatoire Arkwright. Gentes a vu le jour en 2016 chez Spielworxx mais a bénéficié récemment d'une mise à jour et d'un petit dépoussiérage par Tasty Minstrel Games et Game Brewer . Il existe deux versions du jeu : une normale (dont je vais vous parler ici) et une Deluxe. Il est disponible en France grâce à Atalia. Gentes est un jeu vendu comme un jeu de civilisation. Plongé 1000 ans avant Jésus Christ, près de la Méditerranée, vous allez prendre en main le destin d'une population et les faire avancer dans l'Histoire à travers trois ères. Le but est de laisser une trace et de prospérer pour les générations futures. Enfin, ça c'est sur le papier. Concrètement, on se rend vite compte que le thème n'est là que pour justifier le jeu ou pour faire vendre. Oui les jeux de civilisation ont la cote. Et ce n'est pas la présence d'une carte vieillie de l'espace Méditerranéen sur le plateau qui va sauver la situation. Nous ne sommes pas devant un jeu de civilisation. Gentes aurait très bien pu parler d'autre chose, ça aurait tout aussi bien fonctionné. Nous sommes purement dans un jeu à l'allemande. Ce constat fait, nous allons pouvoir nous plonger dans ce qui fait le vrai intérêt du jeu : ses mécanismes. Gentes part d'un mécanisme très simple. De prime abord, il s'agit d'un jeu de pose d'ouvrier. A la différence près que pour réaliser une action, les joueurs ne posent pas de pions mais prennent des pions du plateau. Chaque action correspond à une zone du plateau spécifique. Chaque zone contient des pions associés qui vont spécifier l'action permise et surtout le coût pour la réaliser. Dans Gentes, il y a deux ressources indispensables : l'argent et le temps. L'argent est indispensable pour grand nombre d'actions. Dans la majorité des cas, plus on paye cher plus on a de choix et surtout moins on dépense de temps. Mais trouver de l'argent n'est pas forcément chose facile. Il va falloir se développer en conséquence et trouver un bon moteur de revenu si on veut s'en sortir indemne. Le temps est le mécanisme principal du jeu et surtout ce qui en fait son originalité. Chaque action est lié à un coût en temps. Il est représenté par des petits pions sabliers. Chaque joueur dispose d'un plateau individuel. Sur ce plateau, on retrouve une piste sur le haut. Cette piste va être utilisé pour poser les pions sabliers lorsqu'ils sont pris. Cet espace temporel n'est pas anodin. Chaque joueur peut continuer à jouer tant qu'il lui reste de la place disponible. S'il ne peut plus ajouter de sablier, alors son tour est fini. Vous commencez à voir la subtilité ? Il va falloir bien choisir d'optimiser ses actions afin de gagner le nombre de sablier adéquate et de ne pas se retrouver pris au piège dans le fait de ne plus avoir assez de temps pour continuer à se développer. Heureusement, l'auteur a pensé à nous, pauvres joueurs. Afin de bien nous torturer un peu plus, il nous offre la possibilité de gagner un peu de temps. Comment ? Lorsqu'une action nous demande de prendre et donc de poser deux sabliers, le joueur a le choix de le faire sur deux cases ou de mettre les deux sur une seule case. Ce qui veut dire que oui vous pouvez être en mesure de grappiller quelques futures actions ainsi. Pardon ? Où est le piège ? A la fin d'un tour, les joueurs retirent de leur piste tous les sabliers uniques. Autrement dit, s'il y a deux sabliers sur une seule case, on en retire qu'un. Donc il en reste encore un. Et vu qu'il n'est possible que de rajouter un sablier sur une case vide... Oui cela mettre deux sabliers sur une case vous avantage sur le tour en cours mais vous prise sur le tour d'après. Pas si simple. Il va vous falloir choisir entre jouer plus maintenant et vous priver par la suite ou jouer moins pour jouer normalement après. Sachant qu'il y a peu de tours... Oui ça va être dur de choisir. Le système de sablier est vraiment fourbe mais en même temps très ingénieux et donne un véritable intérêt au jeu. Le jeu dispose aussi d'une autre originalité : les citoyens. Que serait une civilisation sans ses habitants ? Ou plutôt ses citoyens. Votre population est réparti en six catégories de métiers (une population saine se doit d'être occupée) : religieux, noble, forgeron, commerçant, guerrier et érudits. Votre population est représentée sur votre plateau individuel. Chaque corps de métier est regroupé en binôme. Dans cette société épanouie, vous ne pouvez disposer que de sept membres maximum pour chaque binôme. Autrement dit, si vous possédez trois d'un type, vous ne pourrez avoir que quatre de l'autre. Mais si vous en voulez plus ? Vous devrez simplement diminuer l'autre côté. Les marqueurs de citoyens vont donc souvent être amenés à se déplacer de gauche à droite sur votre piste en fonction de vos envies et de vos besoins. Chaque décision est assez tendue et si vous vous perdez dans des changements trop fréquents, cela peut vous coûter du temps et donc de précieuses actions. Il est recommander de se tenir à une stratégie même si parfois en changer peut vous sauver la mise. La gestion du type de sa population est une chose très bien trouvée et assez retors par moment. Il va falloir penser au delà du tour en cours. Bien entendu, faire fluctuer sa population n'est pas gratuit et chaque place est limitée. Il va falloir faire attention et agir vite. Le jeu se repose aussi sur une troisième mécanique directement imbriquée avec les citoyens. Au cours du jeu, vous serez amené à récupérer des cartes civilisations. Ces cartes changent en fonction de l'ère en cours. Elles seront de plus en plus puissantes et vous offrirons des bonus de parties ou des points de victoires. Pour récupérer une carte, il faut non seulement faire l'action (attention à votre argent et à votre temps) mais aussi posséder les prérequis de chaque carte. Ces prérequis dépendent beaucoup d'un type et d'un nombre de citoyens spécifiques. Mais à quoi servent-elles ? Chaque carte pourra vous apporter un bonus de points de victoires tout comme un bonus lors d'actions spécifiques. Bien que vous poussiez jouer sans au cours d'une partie, elles sont indispensables pour une meilleure optimisation et de meilleures chances pour la victoire. Bien entendu ce n'est pas tout. La carte de la Méditerranée n'est pas juste là pour faire « jolie ». Elle a aussi un intérêt mécanique. Vous pouvez construire des cités et y gagner les ressources spécifiques à l'aide de nos meeples maisons. Ou utiliser ces meeples pour les positionner sur une case « foyer » qui permet de bénéficier d'effets permanents ou d'une action possible en plus. Là aussi, chaque action de ce type est limitée que ce soit en place mais aussi en nombre de meeple disponible. Et cela peut coûter cher... La grande majorité des actions sont limitée dans leur disponibilité. Il existe donc une sorte de course entre les joueurs si vraiment vous avez dans l'optique de réaliser la même. Cela offre un peu d'interaction dans un jeu qui finalement n'en possède que très peu. Beaucoup pourront reprocher à Gentes son côté froid, calculatoire et où chacun joue dans son coin. Car oui l'interaction n'étant qu'indirecte, elle peut, suivant les parties, passer de un peu à (plus rare) nulle. Il est quand même rare que les joueurs ne s'embêtent pas pour une position ou pour la prise d'une action. Mais contrairement au thème annoncé, pas de guerre, pas d'ingérence chez l'autre. On reste chacun chez soi. Pour appuyer un certain aspect course, il y a aussi la présence d'objectifs qui rapporteront des points plus importants au premier à les réaliser. Ces objectifs s'appuient sur trois choses : avoir huit cartes civilisations en jeu, avoir ses huit cités en jeu, disposer de dix-huit artisans. Le premier à remplir un de ces objectifs gagnera huit points et les autres quatre. Il y a donc vingt quatre points possibles à remporter... Même si ce n'est pas négligeable, il est rare que ce soit le but ultime d'un joueur. Le jeu se déroule sur six tours divisé en trois ères. Chaque tour est divisé en deux phase : l'apogée et le déclin. L'apogée est la phase où vous allez réaliser vos actions. Le déclin est une phase plus rapide. Cela se rapproche d'une phase d'entretien. On nettoie nos plateaux individuels, on gagne des ressources en fonction de nos cités et de nos cartes, on change les cartes (dans le cas d'un changement d'ère on change le deck disponible). A la fin du sixième tour, on comptabilise les points finaux. Celui qui en a le plus remporte la partie. Attention tout de même, certaine chose peut être pénalisant comme le fait d'avoir encore en main des cartes civilisations non jouées. Gentes bénéficie d'un mode solo. Il n'y a pas vraiment de différence avec un mode à deux joueurs par exemple. Ici, pas de bot à battre, vous devez simplement jouer pour battre vos scores d'une partie sur l'autre. Intéressant pour apprendre à jouer, ce mode est vite anecdotique. Gentes est un pur représentant des jeux à l'allemande. Un thème vite oublié, un hasard absent (surtout qu'à plusieurs vous pouvez regarder les cartes qui arrivent), une dose très forte d'optimisation, des erreurs qui coutent chères, une interaction relativement absente. Alors oui on se surveille, on doit parfois changer ses optiques mais ça reste assez superficiel. Certains lui reprocheront aussi une troisième ère très axée sur les points de victoire. En effet, il est primordial de se préparer à cette phase. Non seulement le gain en point de victoire peut être énorme, mais ne pas y être préparé peut vous couter très cher. Au niveau du matériel, le rendu un peu vieilli est sympa mais le matériel en général, dans la version simple, ne fait pas rêver. Pourtant, le jeu offre des mécanismes intéressants. La gestion du temps et le système des citoyens sont des choses qui fonctionnent très bien. Le fait de devoir prendre des tuiles pour réaliser les actions au lieu de poser des pions changent aussi un peu ce qui se fait traditionnellement. A deux joueurs le jeu reste agréable même s'il prend réellement son envol à trois ou quatre. Ce qui marque surtout à la fin d'une partie de Gentes, c'est sa facilité d'accès. Les règles sont claires et dans la partie, mise à part certaines icônes, les actions sont fluides et simples à prendre en main. Il n'y a pas de choses compliquées à comprendre ou d'actions alambiquées. Là dessus, il peut servir de point d'entrée à des joueurs peu habitués au jeu expert. Mais attention derrière un aspect accessible, se cache un jeu assez retors et disposant d'une certaine profondeur. Gentes n'est pas le jeu du siècle. Cependant, il pourra largement satisfaire les joueurs avide d'optimisation. Les durées de partie sont plus que correctes pour ce type de jeu. Pour ce qui est de la rejouabilité, à moins d'être un fan d'optimisation et de vouloir absolument rechercher le score parfait, le jeu peut souffrir d'une certaine répétitivité et s’essouffler dans le temps. Gentes est un bon jeu à l'allemande. Non dénué de défauts, il saura tout de même faire chauffer votre cerveau et vous offrir de bons moments d'optimisation. Cependant, si vous recherchiez un jeu de civilisation passez votre chemin. Le jeu offre une mécanique pure sans complexité inutile, mélangeant sans complexe la gestion du temps avec la course aux actions et la gestion de cartes. Les erreurs peuvent couter chères. Gentes peut servir de tremplin pour les joueurs novices qui veulent découvrir le jeu à l'allemande expert. Sans être compliqué dans son apprentissage, il sait réserver son lot de surprise et de réflexion. Score Technique 7/10 On sent qu'il y a eu un effort de fait dans le dépoussiérage du jeu pour le rendre plus attractif. Le matériel a été revu et il n'est pas désagréable. Mais face à une version Deluxe, chère mais belle, la version normale fait pâle figure. Visuellement, on est quand même proche des jeux des années 80. Pour ce qui est de l'iconographie, il faudra au moins une partie pour vous y faire. Mon Score BGG 6/10 (Ok game. Aime y jouer de temps en temps) Même s'il dispose de mécanismes ingénieux et bien adaptés, Gentes peut souffrir d'un thème absent et d'une absence de réelle interaction. Du fait de l'absence de hasard et d'un plateau relativement fixe, dans le temps, le jeu peut aussi s’essouffler face à des joueurs recherchant un peu de nouveautés de nouveaux challenges entre les parties. Par contre sa facilité d'accès en fait un très bon point d'entrée dans le monde de l'optimisation. Score Combiné 6,5/10 Maintenant c'est à vous de jouer ... Merci à Atalia de m'avoir fait découvrir ce jeu. Les Premières Impressions de Arnauld : Gentes est un faux jeu de civilisation. Il est catalogué comme tel, mais il est simplement un jeu de gestion. On ne voit pas sa civilisation évoluer, juste sa population croitre. Mais il n’en reste pas moins un excellent jeu. Je n’ai pu le tester qu’après son deuxième kickstarter, j’en attendais beaucoup et je n’ai pas été déçu. Par le matériel déjà grâce à la version Deluxe, son rangement Folded Space et l’upgrade de son matériel. Le jeu lui-même peut être défini comme un jeu de pose d’ouvrier inversé. On choisit des jetons actions sur le plateau principal jusqu’à ce que la ligne d’action de chaque joueur soit pleine. Des actions qui font généralement perdre du temps en fonction de la puissance ou du choix restant. Les objectifs sont multiples, mais passent par la construction de bâtiments qui sont un gros vecteur de points de victoire. Gentes propose des règles originales, inhabituelles qui donnent un bon coup de fraîcheur dans ce type de jeu. Servi par des illustrations sobres mais qui collent parfaitement au thème antiquité du jeu, il est une de mes plus belles découvertes de ce début 2019. Adeptes des jeux de gestion, celui-ci est un très bon choix !
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