Crows Overkill (2014) Compte rendu Le jeu Crows Overkill est inspiré d'une vieille chanson japonaise. « Sanzen-sekai no karasu wo koroshi, nushi to asane gam shitemitai ». Cela signifie : « Je tuerais tous les oiseaux du monde pour pouvoir dormir jusqu'au matin en ta compagnie». Ces mots auraient été prononcés par Takasugi Shinsaku, un personnage central du début de l'ère de Restauration Meiji. Cet homme aimait passionnément fréquenter le quartier chaud. Cette chanson est comme une déclaration d'amour. Il part principe que lorsqu'un corbeau croisse, il doit quitter sa geisha. Du coup, il souhaite tuer tous les corbeaux du monde pour pouvoir profiter d'un moment d'intimité prolongé. Reprenant l'idée de cette vieille chanson populaire, l'auteur Roy Nambu (Kaichin) créé le jeu Sanzen Sekai: I'd kill all the crows in the world to be with you a little longer. On est d'accord c'est un titre un peu long. Du coup, dans une nouvelle édition, le jeu se renommera changé pour Crows Overkill paru chez EmperorS4 (Round House, Planet Defenders) en 2017. Jouable de 2 à 4, chaque joueur incarne un invité qui vient profiter des charmes d'une maison située dans le quartier chaud. Malheureusement, très vite, de nombreux oiseaux viennent tenter de casser la magie de l'instant en chantant sous les fenêtres. Le but de chaque invité va donc être de profiter des instants de bonheur le plus longtemps possible. Le joueur qui restera le plus longtemps remportera la partie. Vous allez donc être amené à lutter contre des corbeaux bruyants mais aussi des fauvettes, des coqs, des chauve-souris mais aussi des chouettes. Tout ce petit monde va venir se rassembler au fur et à mesure de la partie et de l'heure avançante autour de vos fenêtres. Le moindre cri et hop vous devez quitter l'endroit. Partir revient à être éliminé de la partie. Vous allez donc faire votre possible pour faire taire ces oiseaux de malheur. Pour vous aider, vous allez disposer de tout un attirail offert par les cartes shamisen. Votre belle semble vous aider à rester. Le jeu se compose donc de deux types de cartes : les oiseaux et les shamisen. Dès l'installation, vous commencez avec trois cartes oiseaux devant vous. Au début de votre tour, vous piochez de nouveaux trois cartes oiseaux et deux cartes shamisen. Cette étape reviendra à chaque tour. Les oiseaux reviennent donc sans cesse. Une fois cela fait, vous allez faire votre possible pour rester. Selon l'heure du moment, il va être de plus en plus difficile d'empêcher un type d'oiseaux de crier. Plus on se rapproche du matin, moins il y a de chance de rester en jeu. Vous êtes donc libre de jouer autant de cartes shamisen que vous voulez (et surtout dont vous disposez) pour vous protéger au mieux. Les capacités des cartes sont indiquées dessus. Vous pouvez aussi sacrifier une carte sans appliquer son effet pour simplement tuer un oiseau (ou si vous jouez en mode bisounours pour le faire fuir). Quand vous pensez être prêt, on passe à la fin de tour. On vérifie alors si vous respecter les conditions pour empêcher les oiseaux de chanter. Si c'est le cas, on passe au joueur suivant. Sinon, vous devez quitter le quartier, ce qui signifie votre élimination. Le changement d'heures se fait à l'aide de cartes spéciales, les cloches, dissimulées dans le paquet oiseaux. Plus l'heure est avancée, plus il sera difficile de rester en jeu. Autant vous le dire tout de suite, Crows Overkill est un jeu qui ne plaira pas à tout le monde. C'est un pur jeu de chance et de take that. Ici, il n'y a pas vraiment de stratégie, on est plus dans de l'opportunisme et de la chance. D'un tour à l'autre, tout peut radicalement changé. Grâce notamment aux magnifiques illustrations de Amayagi-do (Hyakke-Yagyo), le jeu dégage un charme certain. Le côté traditionnel fonctionne parfaitement. L'immersion n'en est que plus grande dans cette lutte de chaque instant, face à l'injustice de l'arrivée des oiseaux chez vous plutôt que chez l'autre. Le jeu propose des règles très simples, facilement assimilées. Par contre, la chance omniprésente peut frustrer plus d'un joueur, sans compter l'élimination définitive (dans le jeu hein pas dans la vie) d'un joueur en cours de partie. Heureusement, la durée de partie est très courte. Il faut compter une quinzaine de minutes, si tout se passe bien. Je dis heureusement car justement cette rapidité fait que même si vous êtes injustement éliminé, vous n'aurez pas longtemps à attendre pour rejouer (ou faire un autre jeu). Le côté take that est lui aussi très (trop) important. On a parfois même l'impression de ne faire que ça. Mais bon, on est pas là pour se faire des amis. Si vous n'aimez pas qu'on s'acharne ou qu'un autre joueur empiète sur votre liberté d'actions, il vaut mieux jouer à autre chose. Pas d'alliance, pas d'amis, pas de pitié. On doit tout faire pour se sauver, quitte à tout envoyer chez l'autre. Après tout, notre bonheur passe avant celui du voisin, n'est-ce pas? Le thème s'en trouve très bien exploité. Le côté décalé est bien retranscrit par le graphisme et les mécanismes. Mécanismes qui sont simples mais efficaces et en adéquation avec l'univers transcrit. On se retrouve donc à prier pour que ces maudits piafs s'envolent vers d'autres fenêtres que la sienne. Si vous cherchez un petit party game, méchant, fourbe et sans pitié alors Crows Overkill peut vous convenir. Plus vous serez nombreux, plus le jeu deviendra intéressant. A deux joueurs, on est dans un face à face où finalement seule la chance vous départagera réellement. Un petit jeu avec un thème original et une ambiance agréable. Mais un jeu à ne pas forcément mettre entre toutes les mains. Je vous aurais prévenu. Le bonheur de l'instant demande des sacrifices. Score Technique 7/10
Les illustrations des cartes sont très belles et la qualité est au rendez-vous. Mon Score BGG 7/10 (Bon jeu. Ne refuse pas une partie) Facile à jouer, fun, fourbe, méchant et durée de partie courte. Score Combiné 7/10 Et maintenant à vous de jouer...
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