La question n’est pas de savoir qui je suis, mais où je suis.

Camp Grizzly (2013) Compte rendu

Auteur : Jason Topolski
Illustrateur : Austin Madison
Éditeur : Ameritrash Games

1-6 joueurs
60 minutes
Age 13 et plus

Écrit par Guilou

Nous sommes en 1979. Comme chaque année, le Camp Grizzly ouvre ses portes. Vous ne connaissez pas le fameux camp de vacances Grizzly ? Ses cabanons en bois pittoresques, son lac, ses activités ludiques, Jody et sa guitare, son tueur en série, … attendez quoi ? Mais ce n'est pas sur la brochure ça. Si ? Ah oui quand même, il faudra que je lise les petites lignes la prochaine fois que je veux envoyer mes enfants en vacances... Bon... Bon courage les enfants. Papa crois en vous!

Grizzly Camp vous plonge directement au cœur des Slasher les plus célèbres et la référence omniprésente à Vendredi 13 n'est pas anodine. Le jeu a fait l'objet d'un financement Kickstarter en 2013. Il a été créé par Jason Topolski et édité par Ameritrash Games. De par le thème et l'ambiance général du jeu, nous ne sommes pas dans un titre tourné vers les plus jeunes.

Grizzly Camp vous permet d'incarner des moniteurs de la fameuse colonie. Alors que tout semble aller pour le mieux, un mystérieux tueur à tête d'ours en peluche (oui vous avez bien lu) fait son apparition. Personne ne semble pouvoir rivaliser avec lui et personne n'est à l'abri. Il tue ses victimes sans distinction, que ce soit des moniteurs, des visiteurs ou de charmants enfants. Heureusement, vous allez pouvoir essayer de lutter contre lui grâce à d'ingénieux plans tout droit sorti de votre imagination (les films d'horreur ça vous connaît non?). Au cours du jeu, vous allez être amené à faire certains choix pour tenter de survivre le plus possible. Face à un tueur implacable la meilleure survie, c'est souvent sa propre survie. Mais aurez-vous à cœur de sacrifier les autres pour cela ?

Il s'agit d'un jeu coopératif. Vous gagner ensemble ou vous perdez ensemble. Vous devrez agir de concert afin de réussir au mieux à repousser les attaques incessantes. Après si par malheur, certains d'entre vous disparaissent, c'est triste... mais faut voir le bon côté des choses, ça fera plus de places et avec de la chance Otis (c'est le nom du tueur) sera ralenti. Dans de telles situations, il faut toujours essayer le bon côté des choses.

L'installation du jeu se fait assez rapidement. Chaque joueur choisi un moniteur. Chaque moniteur possède le même nombre de points de vie mais des capacités différentes. Camp Grizzly est fier de ses moniteurs. Laissez moi l'honneur de vous présenter notre équipe : le beau Jody et sa guitare, C.J. notre champion sportif locale, la belle Tracy qui est... Tracy, Kevin le maître nageur, la spécialiste de la nature Sherry et la talentueuse Karen. Avec eux, vos enfants vivront un été qu'ils n'oublieront pas de ci-tôt. Ici, pas de figurines, les personnages sont représentés par des standees. Chaque joueur commence aussi avec des cartes Survie.

Le principe du jeu est simple. Quatre idées de plan s 'offre à vous. Pour survivre, il faut réussir à mener à bien l'un d'entre eux jusqu'au bout. Les cartes Finale représentent l'idée du plan. Vous pouvez choisir de vous enfuir en Van, de prendre le bateau, d'appeler à l'aide dans la tour des Ranger ou de vous cacher dans la grange. Chaque plan consiste dans un premier temps à trouver des objets spécifiques qui sont disséminés dans le camp. Bien entendu, vous ne savez pas exactement où ils sont. Vous n'en avez qu'une vague idée mais il y a toujours la possibilité que ce soit autre chose. C'est à vous de les retrouver.

Une fois les trois pions requis trouvés, vous vous lancez dans la deuxième phase du jeu : l'étape finale. Tout comme dans un film du genre, vous pensiez avoir gagné mais le mal est partout. Une fois les objectifs en main, vous retournez alors la carte choisie. Le finale correspond à de nouvelles activités à remplir afin de pouvoir survivre réellement à cette nuit. C'est seulement à la fin de ces nouveaux objectifs que vous pourrez savoir si vous avez gagné ou non. Pas si simple d'échapper à l'horreur.

Le jeu commence avec le tour des monos. En commençant par le premier joueur, chaque moniteur effectue son tour normalement avant de passer à l'autre. La première chose que vous pouvez faire est vous déplacer. Le nombre de cases possible est indiqué sur votre profil. Vous pouvez bien entendu vous déplacer où vous voulez si cela vous est possible. Par exemple, vous ne pouvez vous rendre dans un bungalow fermé que si vous possédez la clef. Ou si vous passez par une case avec Otis celui-ci en profite pour tenter de vous frapper. Pas sympa le vilain monsieur. Mais les points de mouvement servent aussi pour les actions. Vous pouvez aussi durant votre tour, payer un point de déplacement pour ramasser des objets, équiper des armes, sauver des campeurs (si si c'est possible), vous déplacer dans les chemins de traverse (plus rapide mais c'est au risque de vous perdre).

Une fois votre quota de points de mouvement/action dépensé, vous devrez piocher la première carte Cabine. Parfois c'est des choses bien comme des armes, des pions objectifs ou des objets pour mieux vous soigner ou vous défendre. D'autres fois, ce sont des événements pas toujours favorables. Otis peut parfois en profiter pour faire irruption et vous manger euh vous attaquer. Une fois la carte résolue, on passe à la fin de votre tour. Vous pouvez éventuellement vous équiper d'objets ou d'armes qui se trouvent dans votre sac à dos, ramasser des choses sur votre case, ou échanger avec d'autres moniteurs.

Puis, une fois que tous les héros ont joué, vient le tour d'Otis. Otis c'est un brave gars. Très résistant, très sportif, très musclé, très beaucoup de choses mais il est clairement pas sympa. Personne ne sait vraiment qui il est, mais il est pas là pour beurrer les sandwichs. Otis n'a qu'un objectif : faire un massacre et tous vous exterminer. Bien entendu, sa cible première se trouve être les animateurs de la colonie. Mais si au passage, certains enfants glissent sur sa lame, ça ne le perturbera pas trop. Il est comme ça Otis. Un bon gars qui ne parle pas beaucoup mais qui agit vite et bien. Otis se déplace du nombre indiqué sur sa fiche de référence. Parfois, il sera caché dans les bois et pourra surgir à un endroit où personne ne l'attendait.

Otis a quand même une certaine éthique. Il cible en priorité les endroits avec le moins de personnes. Puis, en cas d'égalité, l'endroit avec un moniteur effrayé (ce qui arrive... souvent). Encore égalité ? Il se dirige vers le plus blessé. Après c'est au hasard. Il se prend pas la tête Otis. Si par chance, il passe par la case d'une autre personne, il s'arrête dessus et tente une attaque (sacrifier un enfant ou un caméo pour le ralentir tout ça tout ça...). Une fois qu'il a joué, on recommence un tour si survivant il y a. Otis ne préoccupe pas des serrures verrouillées, il défonce tout si besoin.

Je vous ai souvent indiqué qu'Otis tentait de faire une attaque. Effectivement, ce n'est pas forcément automatique. Si le tueur s'arrête sur une case d'un caméo, bon là ok pas de bol celui-ci y passe directement. Par contre, si un moniteur est dans le coin il peut tenter de protéger tout le monde dans la maisonnée. Un moniteur a le choix de combattre Otis ou de s'enfuir en étant paniqué. Si l'animateur dispose d'une arme il peut essayer de repousser Otis en combattant. Pour cela il lance un dé, et un autre joueur lance un dé pour le tueur au visage de nounours. Si le chiffre du défenseur est supérieur, l'attaque est repoussé. Otis disparaît dans les bois. Dans le cas contraire, tous les personnages du bungalow prennent des dommages. Si un moniteur devient paniquer, non seulement il prend autant de dégâts que la force de Otis, mais en plus il doit partir en courant d'autant de cases que de sa valeur de panique. L'homme nounours est invincible et immortel, n'ayez pas l'espoir de pouvoir le tuer.

Il y a une autre chose à savoir au sujet de l'invité surprise qu'est Otis. Plus il tue de gens, plus il devient puissant. La vue du sang semble avoir un effet revigorant sur lui. Plus le nombre de morts augmente sur la piste « cadavre », plus Otis va récupérer des forces. Il peut augmenter tous ses statistiques : son mouvement, ses attaques (des dés de plus en plus efficaces), son nombre de dégâts infligés. Si le nombre de victimes atteint treize, vous n'avez plus d'espoir. La partie se termine par une belle défaite.

Le matériel du jeu n'est pas conséquent. Par contre, tout respire le thème. Les cartes, l'humour noir ambiant, les illustrations, les textes, les capacités. Là dessus, Camp Grizzly nous replonge avec plaisir directement dans un film de Slasher. C'est aussi une des raisons pour laquelle le jeu n'est pas à mettre entre toutes les mains. Violence et allusion sexuelle peuvent être présentes tout le long du jeu.

Otis est implacable. Vous ne pouvez pas le tuer, juste le fuir. Et encore si vous y arrivez. Les armes ne sont pas légion et le temps presse. Cette pression constante est vraiment bien retranscrite. A chaque instant la peur de l'échec nous envahit. La zone de jeu est finalement assez petite. Personne n'est à l'abri et il y a aucune cachette. Otis peut d'ailleurs surgir à tout moment. Du coup, vos décisions vont avoir un impact sur la suite. Et en même temps, cette ambiance désespérée permet aux joueurs de se lancer dans des actions héroïques. Se sacrifier pour la cause commune ou jouer individuel et augmenter le risque de mourir plus rapidement. Là aussi, vous pouvez faire des groupes de un et vous séparer à chaque nouveau mort.

La possibilité de choisir différents plans est une bonne chose au niveau de la rejouabilité. Même si dans la première partie du jeu cela se résume à trouver des objets pas forcément identiques, dans la deuxième partie l'étape finale change complètement d'une mission à l'autre. Et bien entendu, on retrouve tous les plans « ingénieux » que les jeunes victimes tentent en dernier recours. Un régal au niveau des références et des clins d’œil dissimilés un peu partout dans le jeu.

Le jeu se base beaucoup sur sa thématique. Allergique au hasard, fuyez tout de suite. Des dés, des cartes, des pions face cachées, le hasard est omniprésent.

Le jeu est cependant clairement jouissif dans son gameplay. Simple, sans retour dans les règles, l'explication se fait rapidement tout comme l'immersion. L'idée par exemple du choix entre se déplacer sur des routes sûres mais plus longues ou de tenter l'aventure dans les raccourcies au risque de s'y perdre est excellente et rajoute au plaisir du thème.

Même si Otis n'est pas joué par un joueur, son interprétation est vraiment bien fait. Simplement, sans superflue mais cela permet de ressentir la tension liée au hasard de ses apparitions ou à sa force destructive. Vous pouvez très bien vous dire que vous avez le temps de le gérer, de le laisser se déplacer et tuer quelques PNJ sur le passage en pensant que ça vous laisse du temps. Cependant, n'oubliez pas que plus il tue, plus il devient puissant. Et plus il devient puissant, plus il devient ingérable.

Bien entendu, il ne faut pas s'attendre à un jeu avec une dose de stratégies immense. On est clairement dans le style de jeu Ameritrash. La rejouabilité est assez importante d'autant que le jeu est difficile à gagner. Par contre, pour ceux qui sont moins fan du thème, une certaine répétitivité peut se faire sentir une fois les principales missions essayées. Pour les fans, vous prendrez plaisir à jouer et rejouer.

Camp Grizzly est avant tout un hommage aux films du genre. Et là dessus, c'est une réussite. Tout y est. Finalement, un de ses plus grands défauts est qu'il est très dur à trouver. Je ne parles même pas des extensions. C'est dommage car dans le genre, il se classe parmi les meilleurs.

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Score Technique 8/10
Le matériel du jeu est correct mais rien d’extraordinaire. L'ambiance est bien retranscrite et il y a beaucoup de clin d'oeil ou de références au genre. Tout est clair au niveau iconographies, malgré une règle un peu floue par moment.

Mon Score BGG 8,5/10
(Très bon, toujours envie d'y jouer et de le conseiller)
Le thème est omniprésent. Otis met efficacement la pression sur les joueurs qui ne cessent de tenter d'échapper à la mort. Le jeu est simple à jouer, facile à expliquer. La rejouabilité est importante pour peu que vous adoreriez le thème. La difficulté est bien présente, ce qui est encore plus plaisant pour un coopératif.

Score Combiné 8,25/10
Maintenant à vous de jouer...